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Publication : Lever les obstacles au commerce régional pour améliorer la sécurité alimentaire en Afrique de l’Ouest

WASHINGTON, le 28 juillet 2015 — Selon un nouveau rapport de la Banque mondiale intitulé Connecting Food Staples and Input Markets in West Africa : A Regional Trade Agenda for ECOWAS Countries (Relier les marchés des produits alimentaires de base et les marchés des intrants en Afrique de l’Ouest : Un programme pour le commerce régional des pays de la CEDEAO), l’Afrique de l’Ouest doit améliorer les échanges régionaux pour renforcer la production agricole, doper la croissance et garantir une alimentation suffisante pour un nombre croissant d’habitants.

Ce rapport appelle les gouvernements des pays d’Afrique de l’Ouest à s’affranchir de politiques alimentaires purement nationales au profit d’une politique commerciale régionale au sein de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), dans le but de rapprocher les agriculteurs des consommateurs urbains, en plein essor.

Pour Jean-Christophe Maur, économiste principal à la Banque mondiale et principal auteur du rapport, « les denrées de base sont au cœur des objectifs agricoles de la CEDEAO. L’expérience douloureuse de ces dernières années a bien montré l’importance de la coopération transfrontalière pour assurer l’approvisionnement alimentaire mais aussi pour gérer des ressources naturelles communes et faire face aux maladies et défis sécuritaires dans la région. Le moment est venu d’ouvrir la voie au commerce régional dont on sait qu’il permet de nourrir les populations, réduire la pauvreté, créer des emplois et promouvoir une prospérité partagée. »

Le rapport s’appuie sur les enseignements d’une étude précédente, « L’Afrique peut contribuer à se nourrir elle-même », pour s’intéresser aux spécificités de l’Afrique de l’Ouest, qui abrite un tiers de la population africaine, et proposer une nouvelle vision des échanges de denrées de base et des politiques en la matière dans la région.

Avec plus de la moitié des terres fertiles de la planète encore inexploitées, le potentiel agricole de l’Afrique est énorme. Pourtant, les pays africains sont toujours plus tributaires des importations de produits alimentaires. Grâce aux revenus tirés des produits de base, les gouvernements d’Afrique de l’Ouest importent des volumes importants de denrées (riz, maïs, manioc et millet) qui constituent l’essentiel des apports caloriques pour les habitants de la région. Le rapport montre comment, depuis la crise alimentaire de 2007-2008, suivie par une hausse des cours internationaux des produits alimentaires, une baisse des niveaux de production et une forte dépendance vis-à-vis des importations, les pays ouest-africains sont dans l’incapacité de nourrir leurs populations à un prix raisonnable.

Le commerce régional en Afrique de l’Ouest est crucial pour la sécurité alimentaire et le développement agricole et pourrait, sous réserve de politiques adaptées et de l’engagement des pays voisins, jouer un rôle essentiel. Le commerce transfrontalier créera des économies d’échelle dans la production alimentaire, multipliera les débouchés pour les producteurs et réduira considérablement l’exposition des ménages, notamment pauvres, à la volatilité des prix, à la sécheresse et aux autres chocs.

Le rapport rappelle que l’Afrique de l’Ouest a déjà fait le pari de l’action régionale, avec des institutions comme la CEDEAO qui font preuve d’initiative. L’adoption récente de règles commerciales et de contrôle de la qualité harmonisées pour le marché des semences et des engrais en témoigne. Mais malgré ces engagements en faveur de l’intégration, la plupart des 15 pays membres de la CEDEAO continuent d’appliquer des politiques de soutien à l’autosuffisance nationale, y compris en interdisant les importations de denrées de base provenant de pays voisins.

Faute de politiques commerciales régionales adaptées, les agriculteurs d’Afrique de l’Ouest sont pénalisés par l’inefficacité des services de transport et d’entreposage, le manque de financements et la fragmentation des chaînes logistiques (pour la réfrigération des produits périssables par exemple), qui freinent la commercialisation de leur production. Cette désorganisation complique aussi l’activité des petits exploitants et négociants, qui ne parviennent pas à produire d’excédents destinés à l’industrie agro-alimentaire.

Œuvrer ensemble au service de la croissance

Sous réserve de l’adoption de politiques adaptées, le commerce régional en Afrique de l’Ouest pourrait offrir un potentiel nettement supérieur à son niveau actuel. La CEDEAO est idéalement placée pour faciliter, coordonner et mener à bien une telle transition. Le rapport étudie une série d’options que les décideurs régionaux et nationaux pourraient envisager.

À l’échelle régionale, ces préconisations consistent à :

- conserver une vision à long terme du commerce de produits alimentaires tout en privilégiant des mesures réalistes à court et moyen termes ;
- renforcer la géométrie variable, ou la flexibilité de négociation, dans les initiatives régionales ;
- améliorer la transparence autour des textes juridiques et des projets de la CEDEAO ;
- constituer une capacité régionale de suivi ;
- renforcer les capacités en matière de statistiques commerciales ;
- concevoir des politiques régionales intégrant les chaînes de valeur du secteur privé pour la production de denrées de base.

À l’échelle nationale, il s’agit de :

- formaliser les échanges intrarégionaux de denrées de base en démantelant les obstacles formels et informels ;
- recenser les besoins de renforcement des capacités pour veiller au respect des engagements régionaux ;
- mettre en place des chaînes de valeur privées dans le secteur des denrées de base.

« Les obstacles que constituent notamment les restrictions aux importations, le coût élevé des transports et l’absence de normes de qualité et de politiques en la matière interdisent la mutualisation des ressources et des denrées alimentaires entre pays d’Afrique de l’Ouest », souligne Ben Shepherd, co-auteur du rapport. « Les mesures visant à créer progressivement un marché intégré contribueront à renforcer la sécurité alimentaire, puisque les excédents obtenus dans un pays de la région pourront facilement être expédiés à des communautés incapables de satisfaire leurs besoins. »

Source : Banque Mondiale

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Crédits: AK-Project