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Pour accroitre la productivité agricole en Afrique de l’Ouest : Le modèle d’industrialisation de l’agriculture au cœur d’un débat à Dakar

Aux lendemains de la conférence internationale sur l’évaluation de la performance de la politique agricole de la Communauté Economique Des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) durant les dix dernières années de sa mise en œuvre, les acteurs se sont retrouvés à Dakar dans le cadre d’un atelier de deux jours qui a débuté le vendredi 20 novembre, pour plancher sur le modèle d’industrialisation à adopter dans le cadre de l’investissement agricole afin de porter à un niveau d’autosuffisance et de sécurité alimentaire la production des exploitations familiales.

A termes, cette rencontre, aura le mérite d’avoir porté au devant de la scène le débat sur le type de model industriel à promouvoir dans le cadre agricole, d’avoir donné l’occasion aux acteurs concernés d’échanger leurs points de vue sur les défis que présentent l’investissement dans l’agriculture au vue des résultats obtenus depuis la rencontre de Maputo, d’avoir évalué les perspectives et résultats issues de la Conférence ECOWAP+10 dans le domaine des investissements, d’avoir capitalisé les bonnes pratiques en matière d’investissement dans l’agriculture et enfin d’avoir créé les conditions de la mutualisation des actions dans la suivi de la mise en œuvre de la deuxième phase de l’ECOWAP.

Ce rendez-vous qui est placée sous le thème : « Regards croisés sur l’investissement dans l’agriculture en Afrique de l’ouest dans le contexte Post ECOWAP+10 », a vu ces travaux ouverts par le représentant du ministre de l’Agriculture du Sénégal, M. Ibrahima Sonko.
L’initiative revient au Centre Africain pour le Commerce, l’Intégration et le Développement (CACID), Membre du réseau Enda Tiers Monde et Secrétariat Permanent de la Plateforme des organisations de la société civile de l’Afrique de l’Ouest (POSCAO) qui a bénéficié de la collaboration de Initiative Prospective Agricole et Rurale (IPAR), de l’Association des Femmes de l’Afrique de l’Ouest (AFAO) et de l’OSIWA.
C’est une activité qui s’inscrit dans la dynamique de la mise en œuvre de la politique industrielle commune de l’Afrique de l’Ouest (PICAO), adopté en 2010, après celle de l’agricole en 2005, en terme de déclinaison des orientations de la Politique Détaillée de Développement de l’Agriculture en Afrique (PDDAA) dans la région ouest africaine.

S’il y a une chose sur laquelle tous les acteurs sont d’accord dans ce cadre, c’est sur l’urgence que constitue la faim en Afrique de l’ouest. Et pour toute situation d’urgence, il faut des réactions ou des mesures d’urgence. Mais malheureusement, les réalités agricoles de la majorité des producteurs, acteurs privilégiés du processus, ne témoignent pas vraiment de ces mesures d’urgence car, les difficultés restent encore multiples à tous les niveaux.
En effet, comme l’a théorisé l’économiste Thomas Malthus, selon qui, dans une économie, la population tend à croître inévitablement plus vite que les subsistances, il faut reconnaitre que face à une augmentation constante de la population sous régionale, essentiellement jeune, dont la part des moins de 15 ans va de 40 % au Togo à 49% au Niger, avec un taux de croissance de 7% (2013), les résultats des Politiques Nationales d’Investissement Agricoles (PNIA) ne rassurent pas encore. Le problème de la destination réelle des fonds mobilisés pour accroitre la production est autant d’actualité que la réticence des jeunes, aujourd’hui moulés dans un système de bureaucratie n’ont d’ambition qu’un emploi dans un bureau confortable. Ceci, à cause de la perception de vulgarité qu’ils ont de la profession agricole. Le manque ou l’insuffisance de l’accompagnement des producteurs dans leurs activités à devenir plus formel et plus professionnel reste encore une certaine évidence. Il faut une compréhension plus large du concept « investissement » qui doit prendre aussi une dimension humaine dont l’accent doit être mis sur les jeunes.

M. Sonko a estimé que le sujet porté par la rencontre reste un enjeu important de l’heure et qu’en discuter est déjà un pas certain vers la prise de conscience qu’il faut pour soutenir les actions. « Nous prenons la mesure de l’importance du sujet, du côté du gouvernement, au Sénégal. Plusieurs sont informés de la politique mise en œuvre par le gouvernement dans le cadre du programme Sénégal émergeant » a-t-il déclaré. Il a également souligné la transformation des produits agricoles locaux qui, pour lui, reste dans la droite ligne de la conquête de la souveraineté alimentaire. Selon lui, il est important de former les producteurs dans la dynamique d’un renforcement de la productivité.

La représentante de l’OSIWA, madame Afia Asare-Kyei, a souhaité la bienvenue à tous les participants. Pour elle, l’une des questions importantes qui devrait être posée est de savoir ; quels sont les facteurs pour un développement continu et efficace ?

« Je suis un produit de l’agriculture » a-t-elle lancé pour expliquer que c’est grâce à l’agriculture que ces grands-parents ont pu éduquer ses parents qui l’ont ensuite éduqué. Selon elle, l’agriculture doit faire l’objet d’une attention plus sérieuse.
Madame Afia trouve que la technologie est quasiment inexistante dans l’agriculture ouest africaine et que le moment de la traduction concrète des mesures ou engagements formulés sur les papiers dans la vie des citoyens de l’espace est plus que jamais arrivée.

Dr Cheikh Tidiane Dieye a, dans son intervention, souhaité une cordiale bienvenue à tous les participants avant de planter le décor de la rencontre portée par un enjeu majeur d’analyse critique et proposition des mesures de renforcement des politiques agricoles et qui est celui de l’industrialisation agricole.

Le représentant de l’AFAO, madame Tall a salué l’organisation de cette première activité post ECOWAP+10. Elle a exprimé le souhait que la jeune génération puisse prendre sur elle de poursuivre les efforts engagés dans le sens de l’intégration. Pour elle, puisque c’est l’option de la petite exploitation qui est choisie, il faut renforcer cette initiative pour répondre au problème du chômage des jeunes. Elle a ensuite lancé un appel à la transformation des productions locales dans l’optique d’atteindre un espace sans citoyen affamé. Elle n’a pas manqué de souligner la nécessité de tenir compte du genre. L’autre préoccupation par elle soulevée est la commercialisation des produits transformés. Elle a demandé que des initiatives soient prises pour commencer à tenir ces engagements.

Armand ATTISSO/WANEJ-TOGO/ AFRIPERF

Crédits: AK-Project