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Financements climatiques (4/5) : Le jeune arbre du fonds d'Adaptation bientôt décimé par l'inaction (expert malien)

Le financement du climat est un des enjeux puissants pour un accord global en 2015. Il est important que des solutions importantes soient abordées ici en Pologne. Le fonds d’Adaptation doit vivre encore longtemps.

Le rapport stratégique de l’ECBI publié en juin 2010 en rapport avec le Fonds d’Adap­tation affirmait : "Comme l’indique son logo d’un jeune arbre, le FA est lentement entrain de grandir et de s’établir comme un " modèle pour le futur" dans le débat international sur la finance climatique". Mais cet arbre n’est-il pas en train de mourir ?

Pour survivre, le Fonds d’adaptation a besoin de 100 à 150 millions de dollars pour faire face à ses obligations, dont 60 millions de dollars pour 8 projets en attente depuis trop longtemps. Le Fonds d’Adaptation va mal, à tel point qu’un cri du cœur a été lancé par le conseil d’administration.

Cette maladie finira par une mort certaine, car le Fonds pour l’Adaptation est financé principalement grâce à la vente de crédits carbone. Or, les pays développés refusent de réformer les marchés carbones pour qu’ils contribuent réellement à réduire la pollution des industriels et renforcer le prix des crédits carbone.

Certains pays sortent du Protocole de Kyoto et, enfin, si les mécanismes nouveaux de crédit carbone en discussion voient le jour, leur sur­production de crédits carbone contribuerait à faire chuter un peu plus bas le prix du C02 et les recettes du Fonds pour l’Adaptation.

Depuis la Cop 15 de Copenhague, les pays développés n’ont cessé d’utiliser la langue de bois : des promesses vides, face à un dérèglement climatique démontré par les impacts quotidiens vécus par nos pays, et confirmé encore et encore par la science. Les faibles montants alloués à l’adaptation, le manque de transparence et la double-comptabilisation de l’Aide Publique au Développement au titre des engagements climatiques sont les symptômes dont souffrent les financements climat. Pour preuve, sur plus de 16 milliards de dollars annoncés en 2012, moins de 8 milliards sont réellement comptabilisables. L’inaction des pays développés est aujourd’hui en partie responsable des pertes humaines et des dom­mages immenses aux Philippines, victime d’un typhon d’une violence sans précédent. Combien de malheureux pays et de communautés vulnérables feront encore les frais de cette inaction collective ?

Face à l’urgence, nous avons le devoir de conjuguer les efforts, au-delà des intérêts des pays, et de répondre à l’appel de la planète qui va lentement mais surement vers l’agonie. Dans ce contexte, le Fonds d’Adaptation doit survivre, grâce aux contributions des pays responsables du changement climatique. Son sauvetage doit être fait ici, à Varsovie, pour permettre aux négociations de continuer et pour financer enfin les projets qui peuvent per­mettre d’éviter les conséquences dramatiques du changement climatique. Pour reprendre les paroles d’un président dévoué au sauvetage de la planète, si le climat était une banque, elle aurait été renflouée depuis longtemps

Source : Maiga Mouhamadou Farka / Amade Pelcode Mali, via MediaTerre

Crédits: AK-Project