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Congo-Kinshasa: L'AGRA s'inquiète de la baisse de la fertilité des sols en Afrique, la RDC n'utilise que 10% de ses 80 millions d'hectares

L’Alliance pour une révolution verte en Afrique (AGRA) s’inquiète, dans son rapport lancé mercredi 04 septembre 2013 à Maputo (Mozambique) sur l’état de l’agriculture en Afrique, « la baisse de la fertilité des sols qui menace les rendements et le développement agricoles dans un certain nombre de pays ».

Entre-temps, la FAO note que « la RD Congo, le plus grand pays d’Afrique sub-saharienne, utilise seulement quelque 10 % de ses plus de 80 millions d’hectares de terres arables ».

« Si nous voulons réussir à déclencher une révolution verte en Afrique, il faut que nous déterminions et comprenions les domaines où nous faisons des progrès, mais aussi ceux où nous sommes à la traine. Pour la première fois, le Rapport sur l’état de l’agriculture en Afrique nous trace le grand tableau et nous permet de faire des comparaisons entre les pays », a déclaré le vice-président du Conseil d’administration de l’AGRA, Strive Masiyiwa.

Il a indiqué que ce rapport, qui examine en profondeur la chaîne de valeur des cultures vivrières - de la salle de classe, au champ et puis au marché - dans 16 pays de par le continent, « fournit des données indispensables et fiables qui, nous l’espérons bien, conduiront à l’élaboration de politiques plus éclairées et à un niveau plus élevé de redevabilité ».

« David Ameyaw, Dest publié à un moment charnière pour le continent. Dix ans après la Déclaration de Maputo, on peut reconnaître des progrès importants, mais il faut aussi faire la lumière sur les domaines où il faut des interventions et investissements urgents. Cette nouvelle ressource permettra de guider les décideurs à canaliser ressources et efforts, de sorte à avoir le plus grand impact sur la sécurité alimentaire et la réduction de la pauvreté », a expliqué le président de l’AGRA Jane Karuku.

Selon le directeur en charge des stratégies, suivi et évaluation à l’AGRA et l’un des principaux auteurs du rapport, David Ameyaw, « ce rapport marque le début d’un projet ambitieux visant à consolider des données fiables et accessibles sur l’agriculture en Afrique ».

« Il existe des lacunes considérables dans notre connaissance du secteur agricole - il faut que les gouvernements, instituts nationaux de recherche, mais aussi les acteurs du secteur privé recueillent et partagent des données ouvertement. Notre objectif est d’étendre notre analyse à tous les pays d’Afrique sub-saharienne au cours des deux prochaines années », a-t-il assuré.

Certains pays investissent massivement, d’autres sont à la traîne

Le rapport sur l’état de l’agriculture en Afrique révèle que :

- Quoi qu’un certain nombre de pays investissent massivement dans la R&D et développent leur secteur agricole, d’autres sont à la traîne, au détriment de la sécurité alimentaire. En termes de personnel affecté à la recherche agricole, l’Afrique affiche la capacité la plus faible à l’échelle mondiale, avec à peine 70 chercheurs par million d’habitants (à la différence des Etats-Unis et du Japon qui en comptent 2.640 et 4.380, respectivement).

. La baisse de la fertilité des sols menace les rendements et le développement agricoles dans un certain nombre de pays. Alors que le prix moyen des engrais livrés aux exploitations agricoles aux Etats-Unis coûte 226 $ EU la tonne, il se tient à 414 $ EU la tonne en Zambie.

- Les lois et réglementations nationales et régionales obsolètes entravent le développement des marchés semenciers en Afrique. La durée moyenne du processus d’homologation des semences est d’environ trois ans dans la plupart des pays d’Afrique sub-saharienne.

- Les importations alimentaires bon marché et subventionnées affaiblissent progressivement les marchés agricoles africains, ce qui est exacerbé par les difficultés d’accès au crédit, les restrictions commerciales et les coûts de transport élevés. Bien que l’agriculture représente jusqu’à 40% du PIB dans certains pays africains, seulement 0,25% des prêts bancaires sont orientés vers les petits exploitants agricoles.

- Les femmes, qui représentent la majorité des petits exploitants agricoles en Afrique, sont fortement défavorisées dans les régimes actuels de droits fonciers. Cela réduit leur capacité d’accès au crédit, aux technologies et aux services agricoles. Les données mettent en exergue le fait qu’il est cinq fois moins probable que les femmes possèdent des terres par rapport aux hommes.

Programme agricole ambitieux de la RDC

La RDC, qui utilise seulement quelque 10 % de ses plus de 80 millions d’hectares de terres arables, a initié un ambitieux programme de développement visant une croissance annuelle de 6% de l’agriculture représentant, selon des données de la Banque africaine de développement (BAD), « environ 22% des 15,6 milliards de dollars de PIB annuel du pays ».

« Nous ne voulons pas de prêts, nous recherchons des investissements privés, des personnes qui apportent leur propre capital pour investir dans ce pays », a récemment déclaré le ministre congolais de l’Agriculture et du Développement rural Jean-Chrysostome Vahamwiti . Il annoncé l’organisation par le gouvernement en ce mois de septembre d’une conférence « pour aider à attirer davantage d’investissements ».

Voulant « faire du secteur agricole en RDC le relais de l’industrie minière, dont le potentiel est immense mais pas soutenable, le gouvernement congolais veut investir dans l’agriculture pour réduire la faim de moitié dans le pays d’ici à 2018 », a-t-il expliqué.

Les deux Fonds d’investissements climatiques (CIF), gérés par les banques de développement multilatéral et la Banque mondiale ont approuvé un don de 21,5 millions de dollars à la RDC, a-t-il ajouté.

Dans le cadre de son plan d’expansion agricole, la RDC veut attirer 5,7 milliards USD d’investissement.

Par Angelo Mobateli,

Source : Le Potentiel

Crédits: AK-Project