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Burundi - Les subventions à l'achat des engrais chimiques : une fausse solution

Le Burundi se veut volontariste pour lutte contre la faim. Il manquait l’argent. Aujourd’hui, le Burundi a mis les moyens pour cette agriculture. Les donateurs n’ont pas oublié le Burundi. C’est l’heure de la mise en application. Cependant, il y a des conceptions agricoles purement théoriques au niveau des conséquences et aussi une vision à très court terme. Est-ce que le paysan sera gagnant à moyen et long terme avec ces subventions des engrais chimiques ?

Le Burundi s’apprête à dépenser 13 milliards dans le cadre des subventions de 40 % du prix des engrais chimiques. C’est un gros montant, un effort important. L’agriculture dans un pays comme le Burundi est indispensable pour son développement. Il faut une agriculture durable, pérenne.

Engrais chimiques, une fausse solution à un vrai problème

Il est déplorable de voir une population comme celle de Kirundo mourir de faim alors que la région était le grenier du Burundi. La famine est un vrai fléau. La solution par les engrais chimiques n’est pas durable.

Aujourd’hui, il y a les subventions, demain elles manqueront et les prix vont augmenter. Entre temps, le paysan aura abandonné le fumier et l’élevage des vaches ne sera plus à la mode. Le paysan sans subvention se retrouvera démuni, appauvri. Ses champs ne seront plus productifs. Que feront les paysans ? Ils ne pourront que constater les dégâts de ces subventions après leur suppression et surtout les ravages des engrais chimiques. Le sol habitué au bombardement par les engrais chimiques, parce que pas définition sont des produits chimiques, ne pourra plus produire sans engrais.

Une autre alternative existe

Les 13 milliards de francs bu auraient pu servir à créer des solutions durables, écologiques pour une nouvelle agriculture. Ce n’est pas parce que l’agronome a appris sur les bancs de l’école que l’augmentation de la production agricole rime avec les engrais chimiques qu’il doit se dire qu’il n’existe pas d’autres solutions.

Le Burundi a encore la pluie, la verdure, des terres fertiles. L’association des cultures en fonction de la consommation de l’azote influence la fertilité du sol. Une solution miracle a été mise en place au Malawi, timidement en Zambie et au Kenya. Un arbre miracle nommé gliciridia a les capacités de capter l’azote ont la capacité de capter l’azote dans l’air et le faire rentrer dans le sol sous une forme que les plantes peuvent utiliser. Ils restaurent également les quantités de phosphore dans le sol. Qui dit mieux ? Les engrais chimiques n’apportent l’azote que d’une manière chimique, industrielle et ravageuse.

Le gliciridia permet de nourrir le cheptel avec beaucoup d’effet sur la production de lait de chèvre ou de mouton pour ceux qui peuvent en bénéficier. Cet arbre cohabite facilement avec les champs. Il a permis de tripler la production de maïs au Malawi. Aucun agronome n’ose parler d’engrais chimiques chez les paysans acquis au gliciridia. Si un seul milliard était consacré à ce projet et s’il était bien géré, l’agriculture pourrait être sauvée.

Le Burundi ne pourra pas subventionner les engrais chimiques même à moyen terme. Il est grand temps de penser aux mesures écologiques et aux solutions durables. La nappe phréatique sera souillée par ces engrais et aussi des pesticides qui sont introduits timidement.

Nous parlons chaque fois d’innovation. Ce ne sont pas les tracteurs qui seront achetés dans le budget de l’Etat qui enterreront les houes. Ils seront surtout affectés à des grandes productions privées de certains nantis du pouvoir au nom des paysans. L’étape de la charrue et les bœufs sera obligatoire, à moins de passer sur un autre modèle de l’agriculture, celui de protéger le sol. Des questions se posent : A quoi sert de retourner la terre si ce n’est que l’exposer au soleil ? Pourquoi ne pas planter sur un sol couvert de paille ? Etc... L’innovation fait partie de la dette morale que ces instruits doivent aux paysans qui ont payé les études à travers l’exportation de café, de thé, de coton etc...

Le Burundi devrait réfléchir sur d’autres alternatives pour une nouvelle agriculture, plus productive, plus écologique, plus durable et plus pérenne.

Par Gratien Rukindikiza

Burundi news, le 11/04/2013

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Crédits: AK-Project