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Burkina Faso: Coton OGM au Burkina - Les interrogations des députés

Les députés de la Commission développement économique et de l’environnement (CODE) de l’Assemblée nationale étaient dans les champs de coton du côté de Pô dans le village Walem, non loin de Tankiané. A l’initiative de l’association que dirige le Pr Alassane Séré, Burkina Biotech, les députés ont pu toucher du doigt les réalités de la culture du coton transgénique au Faso. Ils en sont revenus avec quelques questions. Pourquoi les semences ont-elles manqué et pourquoi les semenciers sont-ils tous à l’Ouest ?

Deux champs de coton ont été visités par les députés : un champ de 3,5 ha de coton conventionnel semé le 1er juin dernier et un champ de coton OGM sémé quinze jours plus tard. Les physionomies des deux champs sont totalement différentes. Le plant Bt présente plus de capsules et laisse espérer une productivité supérieure contrairement au champ de coton conventionnel qui, bien que présentant des plants plus grands, aura du mal a dépassé la tonne à l’hectare. La différence se jouera au rendement à la récolte et aux économies liées à la réduction du nombre de traitement (2 pour le coton OGM et 5 voire 7 pour le coton conventionnel). Sur le champ du coton conventionnel, le propriétaire Wahab Nacoulima est un peu dépité. C’est faute d’avoir obtenu la semence Bt qu’il s’est résolu à produire du coton conventionnel. Pour lui, il n’y a plus de comparaison possible. C’est l’avis également de Hubert Soulama, producteur de coton dans la Comoé, membre de la délégation de l’UNPCB qui accompagnait les députés : « Ce n’est pas que les producteurs aiment le Bt, c’est un choix purement économique ».

Les députés s’inquiètent de l’insuffisance des semences OGM et veulent comprendre pourquoi le dispositif d’approvisionnement en semences Bt n’a pas fonctionné et pourquoi, c’est la SOFITEX qui fournit les semences aux deux autres sociétés cotonnières. En fait, les élus voient une sorte de dépendance qui pourrait limiter les performances des autres sociétés. Aucune réponse officielle n’a été donnée sur place. Le constat est que la zone de SOFITEX fournit les semences aux autres. La plupart des producteurs semenciers s’y trouveraient. Sur le site, il y avait un représentant de la firme Mosanto qui partage le brevet du Coton Bt avec le Burkina, Dr Doulaye. Il confirme le fait que lors de la dernière récolte, les producteurs ont mélangé les deux espèces.

Il confirme que tirant leçon de cette pratique, le circuit de collecte et d’approvisionnement a été revu. Le laboratoire de la Sofitex a été remis à niveau et son personnel formé afin de garantir la pureté et le taux de germination. C’est ce dispositif qui serait à l’origine de l’insuffisance des semences parce qu’il y a eu beaucoup de déclassement de semences parce que non conformes. Pour la campagne prochaine, le Dr Traoré assure qu’il n’y aura pas de problème de semences. La zone de Po est le fief de SOCOMA. 1 900 hectares y ont été emblavés dont la moitié en coton OGM. Le professeur Séré dont l’équipe a entretenu les députés la veille sur la biosécurité et la biotechnologie, ainsi que l’expérience du Burkina en matière de coton OGM, a dû donner quelques explications sur la polémique sur le maïs OGM qui, selon l’étude du Pr Serafini, sur des rats provoquerait des cancers.

Il a recommandé la prudence en attendant que toute la lumière soit faite sur cette affaire. A un moment où le Burkina s’engage sur le sorgho et le niébé, il a rassuré les députés sur les dispositions draconiennes existantes en matière de bio- sécurité dans le but de protéger les consommateurs. Les autorisations et le contrôle sont assurés par l’Agence nationale de biosécurité (ANB) qui a d’ailleurs présenté son dispositif aux membres de la Commission pour le développement économique et de l’environnement (CODE) de l’Assemblée nationale.

Par Abdoulaye Tao

Source : Le Pays

Crédits: AK-Project