Faire profiter à l'agriculture ouest africaine des outils et connaissances de la recherche scientifique pour mieux faire face aux risques climatiques. C'est la démarche prônée par FSP Agricora, un programme du ministère français des Affaires étrangères et du Développement international confié à l'Institut de recherche pour le développement (IRD).
L’agriculture, fer de lance de l’économie ouest africaine, est rudement mise à l’épreuve par les effets du changement climatique qui la rendent de plus en plus aléatoire. Les conséquences d’une telle situation arborent des contours néfastes chez les populations de la sous-région plongées dans un tourbillon de vulnérabilité avec un tissu économique, politique et social complètement déstructuré. Renverser la tendance est plus qu’une urgence, "c’est une question de survie’’, selon Yanick Le Roux, du ministère français des Affaires étrangères et du Développement international.
Lancé depuis hier à Dakar, le programme Agricora ambitionne d’outiller le secteur de l’agriculture pour lui permettre de s’adapter afin de garantir la sécurité alimentaire qui croule sous le poids du changement climatique et de la croissance démographique. Le programme entend mobiliser une recherche-action en partenariat pour produire des connaissances et des outils visant à réduire l’incertitude dans la prise de décision. Sa stratégie se déploie également sur le renforcement des capacités de recherche et d’expertise des pays bénéficiaires en l’occurrence, les 15 Etats membres de la Cedeao.
Financé dans le cadre du Fonds de solidarité prioritaire (Fsp) pour trois ans à hauteur de 1,1 million d’euros, Agricora a pour objectif d’élaborer des outils efficaces de gestion du risque climatique pour les agriculteurs en Afrique de l’Ouest, informe Benjamin Sultan, coordinateur scientifique du programme.
"L’Afrique de l’ouest est une région particulièrement vulnérable aux changements climatiques du fait de la dégradation des moyens d’existence de sa population à cause de la faible maîtrise des risques climatiques. Malheureusement, les stratégies développées par les populations sont obsolètes. D’où l’urgence d’intervenir à travers des mesures éclairées par la recherche scientifique comme le fait Agricora’’, explique la directrice de l’environnement et des établissements classés, Mariline Diara.
"Agricora s’inscrit dans le cadre de la diplomatie scientifique de la France qui est un maillon clé de notre politique à l’internationale. La diplomatie scientifique a représenté 7% de notre aide publique au développement en 2015’’, déclare Yannick Le Roux.
Un appui financier de 240 millions d’euros
Au total, trois projets ont été sélectionnés dans le cadre du programme Agricora et leur mise en œuvre devra permettre à l’Agriculture ouest africaine de faire face aux aléas climatiques. Le premier projet est dénommé Application des prévisions climatiques et pratiques agricoles dans la traduction des événements pluviométriques extrême du 21ème siècle en zones inondables (Apte-21). Il vise entre autres à traduire la forte variabilité pluviométrique intra-saisonnière en option de culture intensive. "Les événements extrêmes tels que les pluies intenses et les pauses pluviométriques seront exploités pour développer le potentiel intensif de l’exploitation familiale et minimiser l’impact négatif des risques climatiques’’, souligne le docteur Seyni Salack, chef du projet.
Le second projet qui bénéficiera d’un appui du programme se nomme Gestion écologique de la fertilité des sols dans les agrosystèmes de polyculture élevage pour une agriculture intelligente face au climat ; il est développé par Sano Moussa, agronome chercheur. Le troisième projet sélectionné est porté par le docteur Boubacar Barry et il sera déroulé au Sénégal et au Burkina et va mettre l’accent sur la gestion des nouveaux risques et des opportunités des terres inondables pour l’agriculture africaine.
Ces projets vont bénéficier d’un appui financier d’Agricora d’environ 240 millions d’euros et se dérouleront sur 3 ans.
LAMINE SENE
Source : www.sen360.fr
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