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Transformation rurale : L’Afrique en quête de véritables entrepreneurs agricoles

Le premier forum de développement rural en Afrique s’est ouvert hier, à Cotonou, en présence du président Yayi Boni. Selon le chef de l’Etat béninois, parrain politique du volet agriculture de l’Union africaine-Nepad, seuls 25 % des terres arables du continent sont exploitées, dans un contexte de rareté des ressources financières. Il encourage l’émergence de véritables entrepreneurs agricoles en Afrique.

Cotonou (Bénin) - L’économie rurale est au cœur de la réflexion dans un environnement africain marqué par la paupérisation galopante des populations. Le chef de l’Etat du Bénin, Yayi Boni, estime qu’il s’agit de réfléchir sur les moyens d’œuvrer ensemble pour l’émergence de véritables entrepreneurs agricoles en Afrique. A près de 1.000 jours du rendez-vous d’évaluation des Objectifs du millénaire pour le développement (Omd), la pauvreté est majoritairement rurale. La seule issue du monde rural demeure l’émigration vers les centres urbains, selon le président Boni. Il faut repenser le financement de l’agriculture car il n’existe pas, à ce jour, un cadre approprié dévolu à cet important paradigme, ajoute M. Boni. La plupart des institutions financières multinationales (Banque mondiale, Banque africaine du développement, etc.) sont à un niveau de financement de l’agriculture jugé faible et estimé entre 1 et 2%. Des financements innovants et adaptés au contexte agricole africain sont ainsi souhaités. L’engagement politique des leaders du continent est manifeste ; au cours de leur dernier sommet tenu en janvier dernier à Addis-Abeba, ils avaient décidé de déclarer 2014 année de l’agriculture et de la sécurité alimentaire. Une de leurs déclarations majeures au cours de ce sommet a consisté à proposer l’élaboration d’un schéma de transformation rurale dans le cadre du programme « Rural futures » du Nepad. L’objectif était aussi d’accroître la part du secteur manufacturier à 25 % du Pib des pays du continent. Les participants aux assises de Cotonou sont persuadés que l’Afrique doit d’abord réussir une réforme foncière hardie pour la viabilité des petites exploitations agricoles et la réalisation d’infrastructures comme les pistes rurales, de même que des semences et intrants de qualité.
Les toutes dernières statistiques font froid au dos ; sur les 30 villes qui croissent le plus dans le monde, 20 sont africaines. En 2035, la moitié des africains vivront en ville. Mieux ou pire, 330 millions de jeunes africains seront entrés dans la vie active. Le monde rural est ainsi appelé à la rescousse pour jouer le rôle central de gros pourvoyeur d’emplois pour absorber cette nouvelle demande. En effet, selon le secrétaire exécutif de l’agence de planification et de coordination du Nepad, Dr Ibrahim Assane Mayaki, toute cette main-d’œuvre ne pourra pas émigrer ni saturer les centres urbains. L’autre défi a trait à la population qui continue de croître. L’Afrique subsaharienne est la dernière région du monde à s’engager dans un processus de transition démographique. Le défi démographique veut dire deux choses : il faut nourrir plus de bouches, notamment en ville, et s’assurer que les villes ne deviennent l’exutoire de la pauvreté rurale. Il convient, à en croire le Dr Mayaki, de rendre nos territoires ruraux attractifs et prometteurs pour les jeunes générations. Ce premier forum sur la transformation rurale en Afrique se déroule en présence d’une forte délégation sénégalaise constituée de personnalités du développement rural comme le président d’honneur du Cncr, Mamadou Cissokho, Woré Gana Seck (Green Sénégal) ou du coordonnateur de l’Initiative prospective agricole rurale (Ipar), Dr Cheikh Oumar Bâ.

Par Mamadou Lamine DIATTA

Source :Le Soleil

Crédits: AK-Project