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Programme Détaillé pour le Développement de l’Agriculture en Afrique (PDDAA) : Accélérer la mise en œuvre pour davantage de résultats et d’impacts

NAIROBI, Kenya 4 Mai 2012 - Dix ans après la déclaration de Maputo, le Programme Détaillé pour le Développement de l’Agriculture en Afrique (PDDAA) entre dans une nouvelle phase. « Accélérer la mise en œuvre pour des résultats et davantage d’impact », est le thème retenu pour cette huitième réunion de la Plateforme de Partenariat du PDAA qui se tient du 03 au 04 Mai 2012 à Nairobi au Kenya.
Plus de deux cent délégués réfléchissent sur la stratégie à adopter pour une mise en œuvre effective et efficiente de ce programme conçu par les Africains pour la promotion agricole.

Le Programme Détaillé pour le Développement de l’Agriculture en Afrique (PDDAA) est une initiative africaine conçue pour relancer l’agriculture. Des progrès notables ont été réalisés au cours des dernières années au niveau de certains pays. D’autres par contre peinent à prendre le train de l’élaboration et de la réalisation de ce programme. « Avec le soutien du PDDAA, 29 pays ont signé leur pacte de partenariat et plus de 20 pays ont établi des Plans d’investissement agricole et de sécurité alimentaire » souligne le discours d’ouverture de M. Jean Claude Nsengiyumva, Secrétaire général adjoint de la Communauté de l’Afrique de l’Est. Il invitera par la suite les différentes plateformes régionales à renforcer leurs efforts. Même son de cloche au niveau des gouvernements membres qui doivent respecter leurs engagements afin d’atteindre les résultats préconisés. Si certains pays ont dépassé les attentes, c’est la preuve que l’ambition est possible et peut-être réalisée. Un appel est lancé à l’endroit des communautés telles que la Cedeao, la Comesa, la Sadec et autres pour faire le suivi-évaluation des actions posées dans ce processus.

Mme Tumusiime Rhoda Peace, Commissaire de l’Economie rurale et de l’Agriculture de la Commission de l’Union africaine dans son speech, mettra l’accent sur le partenariat public-privé qui doit être renforcé au niveau national. Néanmoins la Commissaire se questionne sur le niveau des progrès accomplis jusqu’à ce jour depuis la déclaration de Maputo. Et combien de pays sont dans les dispositions à atteindre le seuil de 10% fixé pour les allocations budgétaires en direction de l’agriculture ? Aussi note-t-elle dans son intervention qu’environ 13 pays ont pu atteindre ce seuil d’allocation à la promotion agricole. « Je pense qu’on ne devrait pas se borner à ses 10 % mais plutôt d’aller au-delà et surtout de s’acquitter des responsabilités qui incombent à chaque Etat. Nous sommes sur la bonne voie, il suffit que les efforts fournis jusque-là soient appuyés » encourage Mme Tumusiine. « Nous apporterons notre financement en étroite collaboration avec les Etats membres ». conclut-elle.

Le NEPAD et l’Union africaine ont lancé cette plateforme pour investir dans le secteur agricole. Un espace qui permet à chaque pays d’exposer son plan agricole et ses expériences. La mobilisation de ressources étant l’autre enjeu sans lequel un développement agricole ne peut être une réalité. A travers la déclaration des partenaires au développement, M. Jeff Hill de l’USAID (président sortant du Groupe de travail des donateurs du PDDAA) promet une assistance de ressources financières et techniques pour la mise en œuvre du programme. Il s’agira de mettre en place une meilleure coordination des donateurs (Bailleurs de fonds), leur harmonisation et leur alignement sur les priorités de chaque pays. Sans occulter bien sûr l’augmentation des ressources allouées aux programmations aux plus forts potentiels.

En effet, la plateforme de partenariat est un processus qui a permis au PDDAA de contribuer à une participation plus active de tous les acteurs de la planification sectorielle ; d’augmenter la priorité accordée à l’agriculture ; de définir des politiques agricoles incitatives, plus détaillées et orientées sur les résultats. La plupart des Communautés économiques régionales (CER) ont avancé dans l’établissement de pactes régionaux du PDDAA et celui de la CEDEAO est déjà mise en œuvre.

Une meilleure coopération régionale s’avère également importante pour la mise en œuvre du programme avec l’adoption au plan national comme international des mécanismes de suivi-évaluation, de revue par les pairs, de dialogue et de recevabilité ; des engagements d’accroissement des budgets publics alloués à l’agriculture. Autant d’éléments qui rentrent dans l’élaboration d’investissement du PDDAA en Afrique.

Mme Elisabeth Atangana, Présidente des Organisation panafricaine des Agriculteurs de l’Afrique centrale (PAFO) très optimiste, dira que le PDDAA est une opportunité mais sa mise en œuvre demeure un sujet d’inquiétude pour certains : « Les producteurs et les petits producteurs sont des acteurs clés de la filière (...) L’Afrique doit se nourrir, l’Afrique peut se nourrir, l’Afrique peut se développer grâce à l’agriculture ».

« Le PDDAA a pour objectif d’accroître la politique alimentaire, d’assurer la sécurité alimentaire de nos pays. Et cet accroissement passe forcément par le développement technique des allocations, des subventions et crédits aux producteurs. Car il faut le reconnaitre c’est grâce au financement de l’agriculture que les pays émergents asiatiques ont pu faire face à leurs besoins alimentaires » précisera le discours de Dr. Ibrahim Mayaki, Secrétaire Exécutif de l’Agence du NEPAD. Il poursuivra en estimant que « la promotion de l’agriculture s’avère importante pour relever le défi de la démographie », car, affirmera-t-il, « d’ici 2035 beaucoup de personnes émigreront vers les villes avec une population jeune en quête de travail, qu’il faudra nourrir(…)Sans occulter les nombreux défis à relever notamment : l’acquisition des terres et son implication pour le continent, le biocarburant, le changement climatique autant de défis que le développement de l’agriculture peut contribuer à atténuer ».

La nouvelle priorité

De la planification à la mise en œuvre de ce programme, les pays de la Communauté économique régionale (CER) doivent désormais faire face aux nouveaux défis qui consiste en l’accélération de la mise en œuvre du PDDAA pour enfin obtenir des résultats probants et des impacts positifs pouvant booster le développement agricole des pays africains. Ces défis ont pour noms : l’amélioration de l’environnement politique pour encourager la croissance agricole, la sécurité alimentaire et l’augmentation des revenus ; l’assurance d’une capacité institutionnelle pour une mise en œuvre plus rapide et efficace et enfin la réponse aux nouvelles tendances telles que la changement climatique, la volatilité des prix dans les secteurs alimentaires et énergétiques, les préoccupations nutritionnelles, l’acquisition à grande échelle de terres, l’eau, l’implication des donateurs non traditionnels, les opportunités de coopération sud-sud, l’augmentation de l’intérêt du secteur privé pour l’agriculture, les biocarburants, la gouvernance et la transparence.

En conséquence, le PDDAA doit aller au-delà de son approche actuelle qui est focalisée sur l’élaboration des plans d’investissement agricole. La nouvelle donne du PDDAA doit donc glisser vers le soutien aux pays en difficultés pour qu’ils puissent accélérer la mise en œuvre du programme en vue d’obtenir d’atteindre leurs objectifs.

Une analyse stratégique du PDDAA est en cours pour identifier les actions concrètes prioritaires qui permettront de répondre à l’évolution des besoins des pays dans les 5 à 10 années prochaines années. Par conséquent, stimuler la transformation agricole parait comme un exercice dynamique adopté par les institutions de l’Union africaine : « Ce qui implique de réaliser des consultations rigoureuses et de présenter une nouvelle stratégie pour le PDDAA qui sera soumis à l’approbation au prochain sommet de l’Union africaine » souligne Mme Tumusiime Rhoda Peace comme pour inviter les délégués à apporter leur contribution afin d’identifier collectivement les actions prioritaires du PDDAA.

Ainsi, après les discours d’ouverture et d’orientation, les délégués se sont répartis en quatre Groupes/Panels intitulés : Leadership, appropriation et redevabilité ; Financement des investissements dans le secteur agricole ; Réforme des politiques et la transformation des institutions et Agriculture et nouvelles tendances. Il s’agit d’approfondir les expériences au niveau de chaque pays, de recenser les besoins et les actions prioritaires à mener. Les travaux de la deuxième journée de la huitième réunion de la Plateforme de Partenariat du PDDAA s’articuleront sur les thèmes : Entretenir la dynamique du PDDAA et Structurer des systèmes d’accompagnement pour le PDDAA après la restitution des travaux de groupe.

Agathe Aline Assankpon est journaliste béninoise, membre du Réseau Media du NEPAD

Source : nepad.org

Crédits: AK-Project