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Point de vue du réseau Billital Maroobe sur la campagne pastorale 2012/2013 au Sahel et la situation sécuritaire dans les régions du Nord Mali

Les premières estimations du disponible fourrager dans les différents pays de la sous-région laissent penser qu’il sera possible de couvrir les besoins alimentaires des animaux pendant toute la saison sèche. Mais, cela suppose d’une part la disponibilité de l’eau et, d’autre part une bonne stratégie de lutte contre les feux de brousse.

L’optimisme suscité par les résultats de la campagne d’hivernage doit être tempéré par les spécificités de certaines zones dans lesquelles le bétail sera confronté à des difficultés.

Le conflit qui sévit au Nord du Mali depuis le début de l’année a entraîné un mouvement massif de déplacés internes et externe et désorganisé la transhumance, exacerbant du coup l’insécurité alimentaire des éleveurs. Les opérations militaires engagés au Mali depuis le 11 janvier 2013, dans le but de reconquérir les régions du Nord (Gao, Tombouctou, Kidal) occupées par des groupes armés vont intensifier les problèmes auxquels les pasteurs font déjà face dans une zone qui a subi en 2011 une insécurité alimentaire sévère.

Ces affrontements armés entraînent des répercussions dans les zones pastorales frontalières du Niger, du Burkina Faso et de la Mauritanie en réduisant la mobilité du bétail et en entravant l’accès à certaines zones qui disposent d’une production fourragère importante. Cela signifie que l’ensemble du stock fourrager disponible dans ces zones ne pourra pas être exploité par le bétail

Au vu de l’évolution de la situation dans les régions du Nord Mali, le RBM attire l’attention des décideurs politiques sur :

• la nécessité pour les décideurs politiques au plus haut niveau et les acteurs de développement de conduire les réflexions visant à promouvoir le développement durable des zones pastorales comme première ligne de défense contre l’insécurité

• la nécessité de mettre en place, dans les meilleurs délais, un dispositif de veille informative ; ce qui permettrait de connaître, en temps réel, l’effectif des populations déplacées, la localisation des zones de concentration de ces populations, la taille du cheptel concerné et le volume du stock fourrager accessible pour les animaux

• la nécessité de circonscrire géographiquement les opérations militaires en particulier les frappes aériennes et les opérations terrestres, afin d’éviter qu’elles n’entrainent des effets collatéraux préjudiciables pour les populations locales. Dans ce sens, toutes les forces militaires engagées dans le conflit devraient respecter les règles humanitaires internationales afin de protéger les civils ;

• la nécessité de procéder à un choix judicieux de zones ciblées par les opérations militaires, en vue d’éviter des pertes en vies humaines et des mortalités d’animaux dans les zones où les populations locales ont trouvé refuge ;

Sur la base des constats relatifs à la configuration de la campagne agropastorale, le RBM plaide pour :

a. La poursuite des efforts dans le cadre de l’appui à la reconstitution du capital productif des ménages pastoraux qui ont été severement touchés et fragilisées par les déficits de 2005, 2009, 2011 ;

b. le renforcement des capacités des SAP nationaux, afin qu’ils puissent établir un bilan qualitatif et quantitatif des campagnes agropastorales ;

c. l’intégration systématique d’indicateurs spécifiques au pastoralisme dans les outils du Cadre Harmonisé Bonifié, notamment : (i) le croisement entre les indices de végétation et les points d’eau ; (ii) les termes de l’échange bétail/céréales ; et (iii) les éléments portant sur les stratégies endogènes des éleveurs (reconstitution post-crise du cheptel, préservation du noyau reproducteur, etc.) ;

d. la mise en place d’un dispositif de gestion mieux structurée des crises : le renforcement des capacités d’anticipation constitue un passage obligé pour améliorer l’efficacité des appuis qui sont fournis par les dispositifs publics, notamment dans le cadre des plans de contingence. Ces appuis devront intégrer la nécessité de promouvoir les technologies permettant de valoriser et stocker le fourrage, lors des années d’abondance (blocs multinutritionnels) ;

e. le renforcement des capacités de résilience des éleveurs face aux crises : à cet effet, les interventions devront s’articuler entre autres : (i) au renforcement des systèmes communautaires d’alerte précoce ; (ii) à la mise au point et l’expérimentation d’outils pédagogiques permettant d’organiser des ateliers débats de formation sur l’adaptation des éleveurs et pasteurs aux crises (vente anticipée du bétail, l’utilisation des intrants, etc.) ; et (iii) à l’amélioration de la qualité de l’implication des éleveurs dans les dispositifs publics de gestion des crises ;(iv) à la mise en œuvre effective des PNIA/PRIA ;

f. la pérennisation de l’accès à l’aliment du bétail, à travers la mise en place de la réserve régionale(en lien avec les lignes de défenses locales et nationales) de sécurité alimentaire intégrant les besoins spécifiques des communautés pastorales

g. l’adoption, sous le leadership de la CEDEAO, de dispositions pour l’opérationnalisation du plan d’action de l’élevage qui a été adopté par cette institution en 2011.

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Source : www.maroobe.org

Crédits: AK-Project