Logo Hub Rural
Home > News

International : Vers une nouvelle économie climatique

JOHANNESBOURG, 25 septembre 2013 (IRIN) -

Pendant plusieurs années, l’idée d’une « économie verte » - qui serait moins dépendante des combustibles fossiles et réduirait les émissions de gaz à effet de serre - a été abordée aux conférences des Nations Unies sur le changement climatique, mais l’accueil qui lui était réservé était généralement mitigé ou hostile.

Le 24 septembre, une nouvelle idée en faveur d’une économie plus propre a été annoncée à New York : le projet « Nouvelle économie climatique ». Cette fois-ci, certains des plus grands économistes internationaux se sont engagés, notamment Lord Nicholas Stern, le vice-président de la Commission mondiale sur l’économie et le climat. Il est l’auteur de la Stern Review sur l’économie du changement climatique mandatée par le gouvernement britannique en 2006, la première étude à chiffrer le coût de l’inaction en matière de changement climatique.

Le projet consiste en un effort de recherche d’une année qui portera sur l’économie de quelques pays (pouvant inclure la Chine, l’Inde, les États-Unis et certains membres de l’Union européenne) pour « examiner comment l’action stratégique en matière de changement climatique affecte leurs priorités économiques et politiques » a dit Måns Nilsson, sous-directeur du Stockholm Environment Institute, et l’un des experts engagés dans ce projet.

La recherche a été mandatée par un groupe de sept pays – Colombie, Éthiopie, Indonésie, Corée, Norvège, Suède et Royaume-Uni. Des recommandations et des leçons seront tirées de cette recherche, que les autres pays pourront utiliser ou appliquer.

Lors de la conférence Rio+20 qui s’est tenue au Brésil en 2012, certains pays développés ont inscrit l’idée d’« économie verte » à l’agenda comme feuille de route vers un développement durable mondial. Ce nouveau modèle économique prévoyait la suppression progressive des subventions aux combustibles fossiles, l’utilisation et la production d’énergies renouvelables, et à la création d’emplois « verts ».

Mais les pays en développement de la conférence Rio+20 étaient inquiets à l’idée que le monde développé puisse interpréter le concept d’« économie verte » à sa manière et en abuser, en imposant des restrictions commerciales ou en fixant de nouvelles conditions à l’octroi de prêts, si bien que l’idée s’est essoufflée.

Pourtant, les signes alarmants d’un réchauffement climatique mondial n’ont fait qu’augmenter. « Ces cinq dernières années, la banquise Arctique a fondu plus rapidement que ne le prévoyaient les modèles et, à un moment donné de l’année 2012, 97 pour cent de la surface de l’inlandsis du Groenland fondait » a noté le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) dans son Rapport annuel 2013.

M. Nilsson a dit à IRIN qu’ils avaient bien conscience de ces craintes et qu’ils allaient éviter le concept d’« économie verte ». Il a dit que leur point d’entrée serait les priorités économiques de chaque pays, à partir desquelles ils travailleraient ensuite. L’effort s’axera davantage sur l’économie, en impliquant les ministres des Finances et leurs priorités.

Ils essaieront de combler le manque de communication entre les ministres de l’Environnement, qui assistent aux conférences des Nations Unies sur le changement climatique en vue de réduire les émissions de gaz à effet de serre, et les ministres des Finances, qui tentent de maintenir à flot des économies qui dépendent très largement des combustibles fossiles en période de ralentissement économique, a dit M. Nilsson.

« Nombreux sont ceux qui estiment l’action climatique trop coûteuse et contraire à leurs intérêts nationaux ou commerciaux, et cela a miné la volonté politique de réduire les émissions de gaz à effet de serre », a-t-il ajouté. « Pourtant, les études économiques ont tendance à trop schématiser et échouent à prendre en considération des facteurs tels que la dynamique d’innovation, la sécurité énergétique, la qualité de vie et autres bénéfices potentiels d’une transition vers une économie moins carbonée. Ce projet de recherche a pour objectif de combler ces déficits de connaissance critiques ».

« Nous nous lançons dans ce projet avec un esprit ouvert et analytique », a dit M. Stern lors d’une conférence de presse téléphonique à laquelle a assisté IRIN.

« À une époque où les gouvernements du monde entier peinent à favoriser la croissance, promouvoir l’accès à l’énergie et améliorer la sécurité alimentaire, il est crucial que les coûts et les bénéfices des politiques climatiques soient mieux compris dans leur globalité », a noté M. Stern dans un communiqué de presse. « Il ne s’agit pas d’opposer la croissance et l’action contre le réchauffement climatique. Ça doit être les deux ».

Des pays comme la Chine, dont les économies ont ralenti, envisagent de nouveaux modèles économiques et sont désormais plus ouverts aux suggestions, a dit M. Nilsson.

Felipe Calderón, ancien président du Mexique et président de la Commission mondiale, a dit qu’avec les taux d’intérêt bas dus au ralentissement économique, il pourrait y avoir des opportunités d’investissement dans des ressources et des formes d’énergies renouvelables pour relancer les économies.

Le projet Nouvelle économie climatique publiera l’intégralité de son analyse en septembre 2014, un an avant l’aboutissement des négociations pour un nouvel accord mondial sur le climat à Paris en 2015.

M. Calderon a dit à IRIN que l’idée du projet Nouvelle économie climatique était d’influencer et d’alimenter ce processus, qui établira de nouveaux objectifs pour la réduction des émissions nocives. La Commission mondiale remettra ensuite directement ses conclusions et ses recommandations aux chefs de gouvernement, aux ministres de l’Économie et des Finances, ainsi qu’aux dirigeants d’entreprises et investisseurs du monde entier.

Source : IRIN

Crédits: AK-Project