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Forum sur l'irrigation au Sahel : le Président Macky SALL s’engage à allouer 25 milliards de FCfa en 2014 pour des pistes rurales et des magasins de stockage

Macky SALL au forum sur l’irrigation dans le SAHEL : 25 milliards de FCfa pour des pistes rurales et des magasins de stockage

Dakar a accueilli, jeudi dernier, un forum de haut niveau sur l’irrigation au Sahel organisé par le Cilss et la Banque mondiale. Le chef de l’Etat, Macky Sall, a recommandé aux pays du Sahel de maîtriser l’eau. Il y a en effet un grand paradoxe dans cet espace où seuls 3 % des terres arables sont irriguées, malgré l’abondance en ressources hydriques.

Le Sahel vit, ces dernières années, au rythme d’un cycle alternatif de sécheresses et d’inondations, que nombre d’observateurs ont mis sur l’effet des changements climatiques. Et pourtant, dans cet espace géographique, les économies reposent, en grande partie, sur l’agriculture et l’élevage. Ces secteurs qui ont durement ressenti les effets du changement climatique, peinent encore à prendre leur envol et à jouer pleinement leur partition dans la croissance économique des Etats. Pour inverser cette tendance, le Comité permanent inter-états de lutte contre la sécheresse dans le Sahel (Cilss) s’est engagé encore dans la réflexion en collaboration avec la Banque mondiale, pour trouver des alternatives crédibles capables de booster la production agricole, en particulier l’irrigation des superficies agricoles dans la zone. Tel a été l’objet du Forum de haut niveau sur l’irrigation au Sahel que Dakar vient d’abriter le jeudi dernier, en présence des pays membres du Cilss et du vice-président de la Banque mondiale pour la région Afrique, notre compatriote Makhtar Diop.

Seuls 3 % des terres arables sont irriguées

Le président de la République du Sénégal, Macky Sall, venu présider l’ouverture des travaux, a profité de l’occasion pour passer en revue le contenu de la thématique retenu pour cette session à savoir « Développer la résilience et accélérer la croissance au Sahel par une forte relance de l’agriculture irriguée ». D’emblée, le chef de l’Etat a insisté sur l’impérieuse nécessité de la maîtrise de l’eau pour l’agriculture dans cette bande. Devant les partenaires et autres acteurs du monde rural, Macky Sall a relevé le grand paradoxe dans cet espace sahélo-saharien marqué par l’abondance relative des cours d’eau et de la nappe phréatique mais où seuls 3 % des terres arables sont irriguées pour une superficie totale qui ne dépasse guère les 400.000 hectares. « Notre agricole reste, pour l’essentiel, tributaire des aléas de la pluviométrie hivernale », a déploré Macky Sall. Le chef de l’Etat sénégalais a ainsi saisi l’occasion pour inviter les Etats à mettre en œuvre des politiques et stratégies cohérentes d’adaptation au changement climatique.

Il a insisté surtout sur la maîtrise de l’eau et sur la modernisation des techniques culturales ainsi que la transformation des produits agricoles. « Dans cet esprit, il urge de multiplier les infrastructures de pompage, de retenue et de transfert des ressources en eau afin de réaliser les conditions optimales du secteur agricole dans toute sa dimension », a dit le président. Macky Sall a évoqué, à ce sujet, la nécessité de développer une dialectique pouvant aider à lever la dichotomie établie entre la petite exploitation familiale et les grandes unités d’agro-business. « C’est un impératif pour la production à grande échelle, car c’est ainsi que nous pourrons concilier l’impératif de la production à grande échelle et le souci de préserver les petites exploitations qui nourrissent et entretiennent des familles entières », a fait remarquer Macky Sall.

Le rôle important des privés

Il estime que l’engagement de la Banque mondiale aux côtés des Etats du Sahel doit être une opportunité à saisir pour accroître la résilience des populations mais aussi pour atteindre, dans un horizon de cinq ans, les objectifs de sécurité alimentaire.

Dans ce combat, le chef de l’Etat sénégalais à invité les Etats du Cilss à intégrer certains paramètres comme la distribution efficiente et équitable de l’eau pour l’irrigation, la mise sur pied de projets structurants dans les différents bassins des cours d’eau qui traversent la zone comme le fleuve Sénégal et le Niger, mais aussi la facilitation de l’accès aux techniques modernes de production. « Il est clair qu’on ne peut pas faire l’agriculture du 21ème siècle avec les moyens du 16ème ou du 18ème siècle », a-t-il reconnu.

Un vibrant plaidoyer a été également formulé pour l’implication du secteur privé dans la production agricole. « On ne peut pas développer l’agriculture au Sénégal et dans l’espace sahélien sans l’implication du secteur privé national et international », a fait savoir le chef de l’Etat. « C’est tout le sens de la réforme foncière initiée au Sénégal », a ajouté Macky Sall.

Plaidoyer pour un droit foncier sécurisé, juste et équitable

Le Forum de haut niveau sur l’irrigation au Sahel organisé par le Cilss et la Banque mondiale, à Dakar, a été également une opportunité pour les acteurs de plaider encore pour la promotion d’un environnement propice à l’investissement dans le secteur agricole. Intégrant cette dimension dans son propos, le chef de l’Etat sénégalais a dit tout le sens de la réforme foncière que vient d’engager le Sénégal. Il s’agit, selon lui, de bâtir un droit foncier sécurisé, juste et équitable, alliant modernité et tradition. « Au même titre que la terre, la sauvegarde et la gestion durable des ressources en eau revêt un enjeu stratégique de grande importance », a noté également Macky Sall. « Il nous faut un environnement propice à l’investissement, et c’est tout le sens de la réforme foncière initiée au Sénégal », a-t-il conclu.

La revitalisation de la vallée du Sine et le projet du Canal du Cayor soumis à la Banque mondiale

Faisant un tour d’horizon sur le portefeuille que le Sénégal va soumettre à la Banque mondiale, pour la production agricole et la maîtrise de l’eau, le ministre de l’Hydraulique, Pape Diouf, qui intervenait lors d’un point de presse tenu en marge du Forum du Cilss, a annoncé des projets structurants comme la revitalisation de la vallée du Sine ainsi que le projet du Canal du Cayor. Il s’agit, selon lui, d’exploiter, au profit de l’agriculture, toutes les réserves d’eau dans la région centre du pays. Ces projets qui seront soumis à la Banque mondiale, pourraient contribuer à la maîtrise de l’eau comme l’ont souhaité les pays du Sahel dans la lutte pour la sécurité alimentaire d’ici à l’horizon 2020. Le vice-président de la Banque mondiale pour la région Afrique, Makhtar Diop, qui intervenait à ses côtés, a invité les Etats du Sahel à plus de pragmatisme dans la mise en œuvre des politiques de développement. « La Banque mondiale n’est pas ce gendarme qui dicte ce que l’on doit faire mais n’attend que les propositions de projets des Etats », a dit M. Diop.

DJIME ADOUM a propos du DEVELOPPEMENT DE LA RESILIENCE AU SAHEL : « Le Cilss n’a pas su valoriser les acquis dans le domaine des sciences et des techniques »

Le Comité permanent inter-états de lutte contre la sécheresse dans le Sahel (Cilss) compte aujourd’hui 13 Etats membres depuis l’adhésion récente du Togo, de la Côte d’Ivoire et de la Guinée. Lors du point de presse, en marge du Forum de Dakar, son secrétaire exécutif, le Tchadien, Djimé Adoum, a reconnu les faiblesses qui ont souvent été à l’origine de l’inefficacité de l’action de cet organisme. Il s’agit, selon M. Adoum, du fait que pendant un certain temps, le Cilss n’a pas su valoriser les connaissances et ses acquis engrangés dans le domaine des sciences et techniques. L’organisme, pendant longtemps, n’a donné que l’image d’une institution hautement technique et scientifique, a reconnu Djimé Adoum. Il estime toutefois que le Cilss, en dépit des difficultés, a contribué à mettre à la disposition des Etats membres, des informations qui ont permis à ces derniers de se concerter et d’éviter les crises. « C’est le cas des audits mis à la disposition des Etats lors de la dernière crise alimentaire au Sahel », a dit Dr Adoum. Même s’il reconnait que ces informations n’ont descendu jusqu’aux producteurs, il a déploré le manque de vision harmonisée qui a marqué la vie de l’organisme pendant un certain temps. Pour le secrétaire exécutif du Cilss, l’heure a sonné pour revaloriser le système de formation en management et en Tic, afin de mieux s’organiser pour répondre au changement climatique dans cet espace.

25 milliards de FCfa pour des pistes rurales et des magasins de stockage

Dans le cadre de la mobilisation des ressources pour le monde rural, le président Macky Sall réitéré l’engagement du Sénégal à développer les infrastructures rurales. Cette année, a dit le chef de l’Etat, le gouvernement a décidé d’allouer 25 milliards de FCfa du Budget consolidé d’investissement (BCi) à la construction de pistes de production et de magasins de stockage à l’intérieur du pays. A travers ce geste, l’Etat compte non seulement faciliter l’évacuation de la production agricole, mais aussi son stockage dans des conditions optimales en milieu rural, a dit Macky Sall.

La Banque mondiale appelle à une forte coalition pour renforcer l’irrigation au Sahel

Abondant dans le sens du sursaut à entreprendre dans le Sahel pour booster la production agricole et renforcer la résilience des populations face aux crises alimentaires, le vice-président de la Banque mondiale pour la région Afrique, Makhtar Diop, a appelé les pays de la région à une forte coalition pour la transformation de l’agriculture à travers le développement de l’irrigation. M. Diop a dit l’engagement de l’Institution de Bretton Woods à travailler avec les gouvernements pour la mise en place de cette coalition dans les brefs délais. « L’objectif principal de cette coalition est de créer les conditions de résilience et de prospérité dans la sous-région et amener le débat au niveau international dans des foras, autour du changement climatique », a dit M. Diop. Il a ajouté que cette coalition doit se faire également autour de ceux qui agissent et veulent agir encore plus pour une amélioration durable de la condition de vie des populations du Sahel. Le Sahel, selon Makhtar Diop, offre de vraies opportunités parce que traversé par de vastes cours d’eau comme le Sénégal et le Niger et un climat sec qui donne des avantages comparatifs pour bon nombre de productions.

Compte-rendu de Seydou Prosper SADIO

Source : Le Soleil

Crédits: AK-Project