Logo Hub Rural
Accueil > Actualités

Dialogue des acteurs : Risques et opportunités des Ape à la loupe

Le Centre africain pour le commerce, l’intégration et le développement (Enda Cacid) et l’Ong Osiwa, ont ouvert, hier, une rencontre d’échanges et de dialogue pour réfléchir, dans le cadre de l’Accord de partenariat économique (Ape) entre l’Union européenne et l’Afrique de l’Ouest, sur les menaces et les opportunités liées aux politiques sectorielles régionales dans l’espace Cedeao.

Universitaires, experts de développement, membre de la société civile… venus des pays de la sous-région ont pris part au dialogue multi-acteurs régional, ouvert, hier, à Dakar, pour plancher sur des questions liées aux Accords de partenariat économique entre l’Union européenne (Ue) et l’Afrique de l’Ouest. Cette rencontre devrait permettre de renouer le lien entre les acteurs et de créer un cadre de clarification des raisons techniques, politiques ou stratégiques qui sous-tendent la décision de la Cedeao et des Etats de conclure les Ape ainsi que de dégager ensemble les perspectives. Les participants, au cours de ce dialogue, devront également se pencher sur la mise en place de politiques sectorielles régionales qui seront les socles pour la transformation de l’Afrique de l’Ouest.

De l’avis de Cheikh Tidiane Dièye, directeur du Centre africain pour le commerce, l’intégration et le développement (Enda Cacid), le plus important n’est pas de confiner dans une approche juste simpliste pour ou contre les Ape. Mais plutôt de poser le débat sur la table, ouvrir le dialogue et la concertation. « Nous devons nous interroger sur notre stratégie de développement et d’intégration pour voir en quoi cet accord nous permet d’avancer ou peut constituer une entrave par rapport à ce que nous voulons faire », a-t-il expliqué. Au-delà de ces accords, l’Afrique de l’Ouest doit parler de ses politiques sectorielles. « Nous avons une politique agricole que nous mettons en œuvre, une politique commerciale en gestation, il faut en identifier les menaces et les opportunités », a souligné M. Dièye.
La plupart des politiques sectorielles de la Cedeao sont encore en construction ; elles doivent faire l’objet d’un encadrement technique et politique approprié avec la participation de l’ensemble des acteurs de la région ouest africaine, estime-t-il. Selon un document remis à la presse, l’élaboration d’une politique commerciale est un préalable pour un Etat comme pour une région avant la conclusion d’accords commerciaux. Sur ce, il convient de rappeler que la région a certes adopté un Tarif extérieur commun (Tec) en octobre 2013, mais celui-ci ne sera appliqué qu’à partir du 1er janvier 2015 sur une durée de cinq ans, soit en même temps que le démarrage de la mise en œuvre de l’Ape. Le Tec et les instruments de défense commerciale qui l’accompagnent devraient constituer, ensemble, la base de la politique commerciale. S’agissant de la Politique industrielle commune de l’Afrique de l’Ouest (Picao), elle est aussi à l’Etat de projet, constatent le Cacid et Osiwa. Il faudra du temps avant que la Picao soit pleinement opérationnelle sur le terrain. Ces deux organismes soulignent que la mise en œuvre de la politique agricole régionale est aussi un défi à analyser à la lumière des opportunités et menaces d’un Ape régional sur le secteur productif.

Remobiliser autour de l’Ape

Le débat sur l’Ape, pense Cheikh Tidiane Dièye, ne devrait pas être enfermé dans une position simpliste entre adversaires et partisans de l’accord. Il devrait, à son avis, chercher à faire ressortir les enjeux potentiels et les défis de la mise en œuvre de l’Ape sur les politiques d’intégration et de développement en Afrique de l’Ouest. Aujourd’hui, note-t-il, l’observation des interactions entre les acteurs (Etats, institutions régionales, société civile, secteur privé, parlementaire, etc.) relève le besoin d’une remobilisation urgente autour des questions que soulève l’Ape, notamment celles liées à sa mise en œuvre. Il s’agit des préoccupations relatives à la préservation des intérêts multiformes des Etats de l’Afrique de l’Ouest, les enjeux légaux et systémiques contenus dans l’Ape, les incidences négatives ou positives sur les politiques sectorielles et les acteurs productifs. S’y ajoutent les liens entre l’Ape et les autres initiatives continentales et internationales dans le domaine du commerce.

L’équation du Nigeria qui rejette les Ape

En janvier 2014, après plus d’une dizaine d’années de négociations infructueuses, l’Afrique de l’Ouest et l’Union européenne parviennent à un compromis technique. Ce pacte n’a pas fait, cependant, l’unanimité en Afrique de l’Ouest. Le Nigeria a exprimé ses vives préoccupations quant aux impacts potentiels de l’ouverture commerciale dont la portée et le rythme ont été jugés insoutenables pour la région et pour certains pays. « Le Nigéria, étant la première puissance économique en Afrique, a dit clairement qu’il ne veut pas des Ape, car ils casseraient les bases de son économie », fait noter Cheikh Tidiane Dièye. A son avis, on ne peut rester indifférent face à la position du Nigeria. « Il ne faut pas que les Ape nous divisent et déstructurent ce qui est déjà construit. Le Nigeria représente environ 56 % du Pib des pays de l’Afrique de l’Ouest. S’il n’adhère pas à l’Ape, l’Afrique de l’Ouest aurait beaucoup de mal à faire, en cohérence, ce partenariat avec l’Union européenne », a poursuivi M. Dièye.

Abdou DIAW

Source : Le Soleil

Mots clés

Crédits: AK-Project