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Congo-Kinshasa: Bientôt une cartographie agricole

Kinshasa — Les têtes pensantes de l’Union Nationale des Agriculteurs, Pêcheurs et Eleveurs du Congo « UNAGRICO » ont convié leurs membres à venir à Fatima le samedi 27 octobre 2012 écouter les ministres en charge de leur secteur sur des mesures prises pour la sécurisation de leurs sites agricoles.

Le ministre des Affaires Foncières avait à ses côtés le conseiller du ministre provincial de l’Agriculture. Le numéro un de l’Unagrico , Bukasa, avait été surpris de voir un colonel de la PNC, de surcroît son géniteur, et délégué du général Oleko, se placer à la tribune.

L’ambiance était à la fête. Agitant de petites bottes des légumes, les « ouailles » de Pierre Bukasa, ont électrisé la salle en entonnant : « Tokolia nini , tokolia nini, bilanga ekomi nde mapango (ndlr. Qu’allons-nous manger ? Nos champs sont devenus des lieux d’habitation »). Réputé pour sa fluidité verbale, Pierre Bukasa a rappelé que l’Unagrico a vu le jour en 2001. Mis en place pour défendre les intérêts des paysans congolais, elle n’est pas parvenue à atteindre ses objectifs.

En dépit des écueils enregistrés ça et là, on assiste tout de même à l’émergence d’une classe paysanne, a-t-il déclaré.

La plupart des sites agricoles de Kinshasa ont été « crées » en 1985 par un arrêté du ministre de l’Agriculture. Aucune autre disposition contraire à cet arrêté n’a vu le jour, a-t-il indiqué. Mais, des autorités coutumières, officiers de police, bourgmestres, ... prennent un réel plaisir à spolier les domaines agricoles.

Il a fait savoir qu’ils ont organisé des marches pacifiques, déposé des memoranda, fait des sit in pour défendre leurs terres. Certains d’entre eux ont même été emprisonnés.

Un nouveau cap

Robert Mbwinga a souligné d’emblée qu’il va surtout échanger avec ses hôtes. Les préoccupations soulevées par Bukasa et le président provincial de l’Unagrico, ville de Kinshasa, sont des conflits fonciers, a-t-il précisé.

Ces dérapages s’expliquent par le non respect de la loi foncière. Il est dit clairement que la terre appartient à l’Etat congolais.

De nos jours, les conservateurs des titres immobiliers, les hommes en armes , les autorités communales... en font à leurs têtes.

Et d’indiquer qu’à la veille de sa descente au site agricole de Kisenso, des inciviques avaient envoyé des textos à ses collaborateurs en signalant qu’il allait mourir s’il arrivait sur les lieux.

« Je n’ai pas tenu compte de ces menaces. Ce monsieur avait pris la fuite et est revenu sur les lieux plus tard », a précisé Mbwinga.

« Le Premier Ministre suit votre dossier de près. A son retour au pays, vous entendrez ce qui va être pris comme mesures pour vous protéger. En clair, il attend de moi que je dresse la cartographie des terres agricoles », a-t-il dit.

A l’en croire, son collègue de l’Agriculture n’est pas outillé pour faire comme cela s’est passé en 1985. En réalité, c’est le ministère des Affaires Foncières qui doit d’abord se saisir des cas des terres , envoyer des géomètres par exemple pour le mesurage de ces espaces et ensuite en parler aux autres membres du gouvernement. Les sites agricoles recensés jusqu’ici ne sont pas couverts par des titres de propriété.

Précisant aussi qu’au terme de sa séance de travail avec le président de l’Unagrico, il descendra sur les sites pour délimiter leurs superficies. On dressera des croquis pour ces sites.

Et Mbwinga d’indiquer qu’il a une pile de dossiers relatifs à d’autres types de spoliation.

Le conseiller du ministre provincial de l’Agriculture est revenu sur les mesures prises par les autorités provinciales pour la sécurisation des sites agricoles dans la capitale. Jusqu’ici, les sites maraîchers n’ont jamais été désaffectés, a-t-il souligné. Il a également rappelé la série d’entretiens qu’ils ont eu avec les bonzes de l’Unagrico, mais aussi les mesures conservatoires prises par la ville pour stopper le morcellement de certains sites. Et même l’atelier qui s’est tenu en février 2012. Les participants à cet atelier avaient parlé de l’identification des sites, et des paysans, de l’appui intégral à apporter aux maraîchers et éleveurs. A la longue, les autorités de la ville aimeraient voir les sites couverts par des certificats de propriété, cartographiés et les paysans dotés des tracteurs.

Le président provincial Yengo a dressé la fiche technique des différents sites agricoles ( Mango, Tadi, Mokali, Manzanza, Tshuenge, Ndjili quartier 8, Lukaya...) de la capitale. L’assistance s’est rendue compte qu’il y a des sites de 115 ha, 54 ha, 68 ha, 75 ha, 47 ha, 35 ha.... Dans chaque site, on peut dénombrer des milliers ou des centaines d’agriculteurs.

Par Jean-Pierre Nkutu

Source : Le Phare

Crédits: AK-Project