Logo Hub Rural
Home > News

Congo-Kinshasa: Bas-Congo - La campagne agricole compromise

Tirs croisés entre le ministre national de l’Agriculture et le gouverneur du Bas-Congo. En cause, la gestion des fonds investis de la 2ème campagne agricole 2013-2014. Au Bas-Congo, les choses ne suivent pas le même rythme que les autres provinces, tonne le gouvernement. Sur les onze provinces que compte la République, les activités se poursuivent normalement, sauf au Bas-Congo, s’indigne le gouvernement. Faux, rétorquent les autorités provinciales. Les deux parties s’accusent au point que seules des investigations sérieuses permettent de faire toute la lumière. Devoir de transparence !

La révocation du ministre provincial du Bas-Congo en charge de l’Agriculture a jeté de l’huile au feu dans la confusion qui règne sur des fonds alloués à la province du Bas-Congo pour le compte de la 2ème campagne agricole 2013-2014. A ce jour, 21 millions de dollars américains ont été déjà débloqués pour les activités liées à cette campagne agricole, en raison de 1,5 million Usd par province. Une exception a été faite pour la province du Katanga, qui en a reçu cinq millions Usd, afin de réduire la forte dépendance de cette province aux produits agricoles venant des pays de l’Afrique australe, a expliqué le ministre de l’Agriculture, Jean-Chrysostome Vahamwiti, vendredi dernier devant la presse.

Pour le ministre de l’Agriculture, les nouvelles venant de différentes provinces sont plutôt bonnes. Même au Nord-Kivu, province qui a longtemps souffert des affres de la guerre, les choses vont mieux. Selon lui, seule la province du Bas-Congo fait exception.

Au Bas-Congo, les choses se corsent depuis un temps. D’un côté, le gouverneur de province impute au ministre national de l’Agriculture cette note décevante et la gestion calamiteuse des fonds alloués à la réalisation de cette campagne agricole. De l’autre côté, le ministre de l’Agriculture charge les autorités de la province du Bas-Congo qui auraient décidé unilatéralement, soutient-il, de retenir pour le compte de la province 50% des fonds alloués à ce projet - montant équivalent à près de 750 000 dollars américains.

Au ministère national de l’Agriculture, on crie au scandale. On dénonce notamment cette décision malencontreuse, prise en dehors de la procédure mise en place par le gouvernement central en matière de gestion et d’affectation des fonds de la campagne agricole 2013-2014. Au ministère national, on dit détenir des preuves de cette rétrocession illégales de 50% qu’exigent les autorités provinciales du Bas-Congo.

Les faits

Jean-Chrysostome Vahamwiti est catégorique à ce sujet. Si la campagne agricole dans le Bas-Congo a du plomb dans les ailes, c’est de la responsabilité du gouverneur Jacques Mbadu. Au cabinet de l’Agriculture on s’étonne : « Ce protocole signé à Kinshasa le 29 mars 2013 est innovant pour mettre les fonds transférés en provinces à l’abri des tripatouillages : les provinces définissent les besoins et procèdent à la passation des marchés alors que le ministère des Finances paie directement aux fournisseurs et prestataires ». Et une interrogation : « D’où vient que le ministre Vahamwiti ait intercepté les fonds alloués au Bas-Congo, alors qu’aucun fonds ne transite par les comptes du ministère national de l’Agriculture ? »

En effet, le gouvernement congolais a signé en juin 2013, avec la province du Bas-Congo un Contrat-programme, un document définissant le cadre de collaboration entre les deux parties sur la mise en œuvre de la campagne agricole 2013-2014.

Dans le contrat signé en juin 2013, il est clairement indiqué que le ministre national de l’Agriculture n’est impliqué ni de près ni de loin dans la gestion des fonds. Il se limite à réceptionner la liste et à la transmettre aux Finances. Vahamwiti affirme n’avoir reçu qu’une seule liste, celle du ministre provincial Nsumbu. En plus, nulle part il est fait mention d’une rétrocession de 50% comme réclamée par les autorités du Bas-Congo. Mais, aussi curieux que cela puisse paraitre, le gouvernement provincial du Bas-Congo a, dans le procès verbal de son conseil des ministres extraordinaire, tenu le 1er octobre à Matadi, décidé malheureusement ce qui suit « Les agences locales sont habilitées à décider sur 50% des fonds reçus ; les 50% autres seront encadrés par le gouvernement provincial ». Les transferts financiers destinés aux fournisseurs et prestataires se feront directement dans leurs comptes par le ministère des Finances. D’où proviennent alors les fameux 50% ? Mystère. Au contraire, l’article 14 de ce même document prévoit qu’une « quotité de 3% du montant total sera allouée à la coordination provinciale de la campagne agricole ».

Une enquête s’impose

Le conflit, qui est né entre le ministère national de l’agriculture et le gouvernorat de la province du Bas-Congo à la suite de la révocation du ministre provincial en charge de l’Agriculture, Pêche et Elevage, soulève bien des questions. Porté sur la place publique, l’appareil judiciaire doit se mettre en action pour faire toute la lumière sur ce contentieux qui risque de porter un coup à la campagne agricole.

Y a-t-il eu réellement détournement des fonds alloués au Bas-Congo dans le cadre de la campagne agricole ? Qui en est responsable ? Autant de questions sur lesquelles cette enquête devait s’appesantir pour éviter à ce que le contentieux du Bas-Congo ne plombe toute la campagne agricole. La situation qui prévaut dans le cas Bas-Congo doit servir de déclencheur d’une action de fond afin de recadrer cette campagne. Et si des fonds ont été détournés à quelque niveau que ce soit, il faut que des coupables soient traduits en justice pour permettre à l’Etat de rentrer dans ses droits.

Source : Le Potentiel

Crédits: AK-Project