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Cameroun : 250.000 tonnes de coton attendues en 2012-2013 contre 180.000 t en 2011-2012

Frappée de plein fouet par la chute des cours mondiaux de 2007-2008 où elle avait chuté à 100.000 tonnes après avoir franchi un record de 360.000 tonnes l’année précédente, la production du coton espérait consolider cette sa remontée depuis trois ans par une prévision de 250.000 tonnes rendue incertaine par les inondations au Nord.

"Lorsque la crise a frappé, nous sommes descendus à 100.000 tonnes de coton graine de production, alors que nous avons atteint le record en 2004-2005 à 306.000 tonnes de production. Depuis trois ans, nous sommes en train de remonter la pente. L’année dernière, on a fait 180.000 tonnes. Cette année, on prévoit 250.000 tonnes", a déclaré à Xinhua Hamadou Nouhou, directeur exécutif de la Confédération nationale des producteurs de coton du Cameroun.

Basée à Garoua, principale ville de la région du Nord connue comme le plus grand bassin de production du coton devant les deux autres régions septentrionales du Cameroun, à savoir l’Extrême-Nord et l’Adamaoua, cette organisation rassemble environ 260.000 planteurs, répartis dans 2.048 groupes d’ initiative commune (Gic), pour 48 unions de Gic et 9 fédérations d’unions de Gic.

"Dans nos contrées, dans chaque famille il y a au moins cinq personnes. Donc, ça fait que nous couvrons au minimum deux millions d’individus dans la zone cotonnière. Je précise que dans la région de l’Extrême-Nord il y a le département du Logone et Chari qui n’est pas concerné par le coton et dans la région de l’Adamaoua il n’y a que le département de la Vina qui est concerné", explique Nouhou.

Son organisation opère comme partenaire de la Société de développement du coton du Cameroun (SODECOTON, ex-entreprise étatique privatisée) dans l’organisation et l’encadrement des producteurs. Selon elle, les surfaces varient d’une campagne à l’autre. Ainsi, en 2011-2012, 207.000 hectares étaient recensés.

Pour la campagne en cours, les dégâts causés par les graves inondations survenues dans la région jusqu’à l’Extrême-Nord en entre août et septembre avec la destruction d’importantes surfaces de cultures préoccupe.

"Les producteurs étaient partis avec beaucoup d’enthousiasme et de volonté. Vous voyez des gens qui sont passés de 0,5 hectare à 2-3 hectares. Malheureusement, leur ardeur a été en quelque sorte anéantie par les inondations qui sont venues et qui ont tout dévasté", a souligné Hamadou Nouhou, avant de se rendre au pèlerinage musulman à la Mecque.

"On espère que c’est une chose qui arrive une fois tous les 30 ans et que l’année prochaine on pourra se réveiller pour que ces producteurs qui ont été victimes de ces inondations-là puissent se ressaisir et travailler tranquillement", a-t-il ajouté.

Troisième producteur de coton d’Afrique francophone derrière le Burkina Faso et le Mali, le Cameroun multiplie aujourd’hui les initiatives pour l’amélioration de la productivité et de la compétitivité de ces filières agricoles. Avec le concours de l’Union européenne (UE) dan le cadre du 10e Fonds européen de développement (FED), un financement de 3,5 milliards de francs CFA (7 millions USD) est mis œuvre pour l’appui à la diversification des productions en zone cotonnière.

Lancé début 2012, ce projet programmé pour quatre ans d’exécution vise à "exploiter le professionnalisme, donc les compétences et les opportunités, acquis par les producteurs de coton pendant plusieurs décennies pour le transférer aux autres productions agricoles, notamment les productions vivrières, les céréales, les légumineuses et les nouvelles cultures comme le soja qui est en train de se mettre en place", selon Joseph Lou Issa, responsable du programme.

A travers des appuis spécifiques, il est question, a précise celui-ci, d’aider les planteurs à obtenir des "revenus diversifiables afin qu’ils ne dépendent plus uniquement des revenus de la culture cotonnière qui sont très fluctuants en fonction des cours internationaux. De plus, le professionnalisme dans la production des cultures vivrières améliorera l’offre des produits alimentaires sur les marchés régionaux et même locaux".

Le but est surtout de permettre que les organisations de producteurs de cette culture, troisième produit d’exportation camerounais hors pétrole après le cacao et la banane, "deviennent des entreprises rurales capables de générer l’emploi en développant des unités de transformation des productions, en améliorant leur cadre de concertation, c’est-à-dire la gestion même de leurs structures".

Avec la SODECOTON déjà, la Confédération nationale des producteurs de coton du Cameroun (CNPC-Cameroun) se félicitent de "relations de partenariat solides". "La société cotonnière appuie techniquement à la production cotonnière. La confédération appuie à l’organisation des producteurs, en leur approvisionnant en intrants, aux systèmes de crédits et au recouvrement des crédits", assure Hamadou Nouhou.

A l’en croire, "les producteurs bénéficient à 100% des crédits dont ils ont besoin pour faire du coton, pour faire du vivrier qui vient en rotation avec le coton. Parce que si les gens ne mangent pas, comment voulez-vous qu’ils produisent ? Dans cette zone, nous produisons en grande partie le maïs, le sorgho, l’arachide et le soja. Ce sont les cultures principales. Nul d’autre ne fait du crédit sur ces différentes cultures que la filière coton."

L’introduction de variétés de semences améliorées à haut rendement a un effet positif sur l’amélioration des productions. "Nous avions il y a deux ans une variété qui s’appelait l’Irma 39, qui a montré des faiblesses au niveau de la production et immédiatement il y a eu deux variétés qui ont été introduites et qui se sont avérées performantes. Les producteurs sont contents de ces variétés-là qui donnent un rendement appréciable et de la fibre de bonne qualité", rapporte Nouhou.

Il annonce un grand travail d’assainissement qui a permis de se débarrasser des aventuriers uniquement intéressés financements qu’ils ne remboursaient pas. Le nombre de producteurs a diminué, mais le rendement au champ augmente. "Quand on avait produit 100.000 tonnes, on était à peu près 230.000 producteurs. Aujourd’hui, on fait 250.000 tonnes avec 260.000 producteurs. Ça veut dire que nous sommes maintenant en train de travailler avec les vrais producteurs".

Source : Xinhua

Crédits: AK-Project