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Avis sur les perspectives agricoles et alimentaires 2013 / 2014 au Sahel et en Afrique de l’Ouest

Du 17 au 19 septembre 2013, s’est déroulée à Niamey au Niger, la concertation régionale du Dispositif régional de prévention et de gestion des crises alimentaires (PREGEC) au Sahel et en Afrique de l’Ouest sur les perspectives agricoles et alimentaires. Au sortir de cette concertation, les systèmes régionaux d’information sur la sécurité alimentaire et nutritionnelle ont fait les constats suivants :

La campagne agropastorale, marquée par une installation tardive des pluies, est caractérisée par une pluviométrie faible et irrégulière de mai à mi juillet. Une reprise significative de la pluviométrie a été observée à partir de mi juillet et s’est intensifiée au cours du mois d’août occasionnant par endroits des inondations. Globalement, les pluies recueillies ont été assez bien réparties dans le temps et dans l’espace depuis le mois d’août. Même si, les cumuls saisonniers sont en général plus faibles que ceux de l’année passée exceptionnellement pluvieuse, ils sont supérieurs à la normale 1971-2000.

Sur le plan hydrologique, les débits des différents cours d’eau ont débuté leur évolution de manière timide. A partir de juillet, ils ont atteint des niveaux proches de ceux de l’an passé et supérieur à la moyenne. Le niveau de remplissage des barrages évolue normalement, ce qui présage de bonnes disponibilités d’eau pour la production agricole de contre-saison. Comme conséquences de la physionomie de la pluviométrie et de l’hydrologie, les semis ont globalement accusé des retards et des re-semis ont été observés en juin et juillet et par endroits en août. A partir de fin juillet, les cultures ont bénéficié d’assez bonnes conditions hydriques et de la mise à disposition des intrants pour leur croissance et développement végétatif. La majorité des cultures sont en phase de reproduction et maturation. Seuls les semis tardifs sont actuellement en phase de croissance végétative et ont besoin d’apports hydriques jusqu’en octobre 2013. Les rendements espérés seront équivalents à supérieurs à la moyenne 1971-2000 et inférieurs dans certaines localités du Nord Sénégal, des régions de Tillabéri, de Tahoua et l’Est de Zinder au Niger, les Wilaya du Gorgol et de Guidimakha de la Mauritanie et les régions du Lac et de Biltine au Tchad.

Localement, les rendements du riz seront affectés suite aux inondations notamment au Nord du Bénin, la zone du fleuve au Niger et en Gambie.

La situation phytosanitaire est globalement calme. Toutefois, la menace acridienne et des oiseaux granivores sur les cultures persistera tout le reste de la campagne notamment dans les pays de la ligne de front (Mauritanie, Mali, Niger et Tchad).

Malgré un début difficile d’émergence et de croissance des pâturages, une nette amélioration a été observée à partir de juillet dans la quasi totalité des zones agropastorales. Dans la bande sahélienne, les niveaux de la biomasse sont équivalents à supérieurs à ceux de l’année dernière et de la moyenne de 1998-2012, mais faibles dans le nord Sénégal, les Wilaya du Gorgol et Guidimakha, par endroits à Diffa au Niger et dans le Sahel tchadien. L’état d’embonpoint des animaux est satisfaisant.

Selon les estimations à mi-parcours, la production céréalière totale attendue dans les pays du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest pourrait atteindre 58 460 000 tonnes si l’allure de la saison se maintenait et si les pluies se poursuivaient jusqu’au mois d’octobre 2013 et si la situation phytosanitaire reste calme. Dans cette hypothèse, la production de la présente campagne serait en hausse de 7% par rapport à la campagne agricole 2012-2013. Par contre, dans le cas d’un arrêt précoce des pluies, particulièrement dans l’Est du Sahel, la production céréalière de la zone serait estimée à 53 000 000 tonnes, soit une baisse de 3% par rapport à la campagne précédente.

La situation du marché se caractérise par un bon approvisionnement des principaux bassins même si le rythme et le volume des flux sont faibles par endroits comme au Nigeria. Cependant, on note de nombreuses tracasseries le long des axes routiers. La filière maïs qui contribue fortement à la sécurité alimentaire de la région est la plus touchée. D’octobre 2012 à juin 2013, les prix sont demeurés supérieurs à leur niveau de l’année passée et à la moyenne quinquennale. Cependant, depuis la mi-août 2013, suite à la bonne reprise des pluies, des stocks commerçants ont été mis en marché. Avec l’apparition des nouvelles récoltes (maïs, arachide, niébé) sur les marchés, on assiste à des baisses saisonnières des prix dans l’espace régional et de façon modérée au Bénin et plus marquée au Nigeria. Ces baisses vont s’accentuer d’Est en Ouest au fur et à mesure que les nouvelles céréales arriveront sur les marchés. Le prolongement de la période de soudure suite au retard dans l’installation de l’hivernage et les impacts des inondations par endroits pourraient augmenter la prévalence de la malnutrition aiguë globale chez les enfants de moins de 5 ans. Les principaux facteurs aggravants sont l’infection palustre, la diarrhée et les infections respiratoires aiguës.

Recommandations

Sur la base de ce qui précède, il est recommandé :
- aux dispositifs régionaux d’information (CILSS, FEWS NET, PAM, FAO,..) : · Continuer la veille stratégique pour la surveillance des inondations. · Poursuivre la veille sur le fonctionnement des marchés et des flux intérieurs et transfrontaliers en vue de détecter à temps les disfonctionnements.
- aux Etats : · Appuyer les programmes de production de décrue et d’élevage pour améliorer la résilience des populations en insécurité alimentaire. · Maintenir la veille sur les déprédateurs particulièrement le criquet pèlerin. · Continuer les actions de prévention et de traitement de la malnutrition.

Fait à Niamey, le 19 septembre 2013

Source : www.lefaso.net/

Crédits: AK-Project